Aricle La nutrition des ruminants revue en profondeur
Avec Systali, son système d’analyse des besoins et des valeurs nutritionnelles des apports, l’Inra intègre de nouveaux paramètres.
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L’Inra n’efface pas les principes des PDI, des UF et des UE (1) dans l’alimentation des ruminants. Mais l’Institut propose une révision en profondeur des calculs de rationnement avec son nouveau système, Systali. Finie, la ration faite sur un bout de papier avec les tables Inra à côté de soi ! Car en réalité, les valeurs nutritionnelles des aliments, des matières premières et des fourrages varient en fonction de la ration elle-même.
Interactions entre aliments
En intégrant de nouveaux critères, comme les interactions digestives entre concentrés et fourrages, Systali permet de comprendre des situations de terrain. Par exemple, lorsque la vache en subacidose ne répond pas à la ration calculée. Un nouveau critère, BalProRu, (balance protéique dans le rumen) prend en compte les flux au niveau du rumen.
« Pour connaître réellement les besoins nutritionnels d’une vache laitière, l’éleveur doit désormais mesurer très finement ce qu’il lui donne et ce qu’elle produit. Puis, il pourra établir la ration en fonction de son objectif technico-économique : taux, volumes, coûts alimentaires, réduction de l’empreinte environnementale… », a résumé Philippe Faverdin, chercheur à l’Inra, lors d’une journée Aftaa (2), le 23 novembre à Paris. L’éleveur pourra estimer très rapidement l’opportunité d’intégrer tel ou tel coproduit dans la ration, s’adapter à la variation des prix de concentrés et du prix du lait, dans le contexte spécifique de son alimentation au quotidien. « Étant plus précis, le système est forcément devenu plus complexe, mais une nouvelle version du logiciel Inration sera disponible à l’été 2018 », précise le chercheur.
Certains conseillers d’élevage et des fabricants d’aliments pour animaux ont déjà intégré la logique Systali, dont les principales équations sont connues depuis deux ans.
Révisions sur les protéines
Cette conception rompt avec des dizaines d’années de rationnement. Auparavant, il fallait nourrir l’animal en fonction de son potentiel. « Systali propose une prévision de la réponse de production et de la réponse environnementale. Aujourd’hui, l’éleveur peut faire le lien entre une ration et la production attendue d’une vache ou d’un troupeau. »
Le système ajuste à la marge les recommandations en énergie. La révision porte surtout sur les protéines, afin de tirer parti de leur efficience dans la production de lait. « La capacité d’ingestion de l’animal est sensible à l’alimentation protéique : elle augmente avec la hausse du rapport PDI-UFL », rappelle Philippe Faverdin. Elle varie aussi selon l’âge de la vache, le rang et le stade de lactation, le stade de gestation…
Sur le terrain, la pratique qui consiste à forcer sur l’azote se généralise. Avec Systali, l’éleveur pourra chiffrer précisément le besoin supplémentaire réel, sans risquer de gaspiller les protéines et d’augmenter son empreinte environnementale. Systali propose, en effet, une nouvelle efficacité des PDI absorbées et permet de prédire les rejets azotés.
(1) PDI : protéines digestibles dans l’intestin ; UF : unités fourragères ; UE : unités d’encombrement.
(2) Association française des techniciens de l’alimentation et des productions animales.
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